Pour Noël
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— Charlie tu trouves les guirlandes ?

Katya Hall et Charlie Drake étaient affairés dans la réserve de la base Hippocrate-1 de la Zone Habitable, tentant d'y retrouver les décorations nécessaires pour le réveillon annuel du Cercle Ariane. L’équipe Hippocrate avait donné son aval quant à sa présence lors de cet évènement, ce qui n'avait pas été une mince affaire pour Katya, qui avait dû faire jouer de son influence dans l'équipe pour que ses hauts placés acceptent d'y participer. Malgré les tensions notables entre Hippocrate et Hermès comme Arès, également présentes, l'équipe des médecins de guerre avait répondu présente. Charlie et Katya pouvaient donc bénéficier des décorations de Noël que les collecteurs d'Hippocrate avaient pu trouver dans les caissons du Niveau 1 et qui étaient entreposées dans leur base.

— Elles ne sont pas dans le coin là-bas ? Questionna Charlie en pointant une petite zone entre deux étagères. Je suis presque sûr d'y avoir vu le carton tout à l’heure en prenant les assiettes.

— Rien du tout. Rétorqua Katya qui s'en était déjà approchée. Juste des traces de pas sur le sol.

— DES TRACES DE- Commença Charlie, manquant de faire tomber le carton d'assiettes sur le sol. Il reposa ce dernier et se rapprocha de Katya.

— Bizarre, j'étais sûr que le carton était là. Quelqu'un l’a pris sans qu'on s'en rende compte ?

— Ces traces ne sont pas humaines. Grommela Katya en les observant de plus près. On a affaire à un voleur. Probablement une entité.

— Ça nous fait une belle jambe. Soupira Charlie. Je suppose qu'on est bon pour suivre la piste et sauver Noël.

— Ça ne vaut pas le coup. Désapprouva Katya. On s'en passera pour cette année.

Charlie tressaillit à la réponse de son amie.

— Décidément, tu n'as pas l'esprit de Noël. Un sapin sans guirlandes ? Impensable. Faut qu'on aille les retrouver.

— Je continue à penser que c'est une perte de temps. Continua Katya eu levant les yeux au ciel. Mais bon, comme tu veux. Elle haussa les épaules.

— Allez, haut les cœurs Katya ! Pour le sapin et pour Noël ! Ajouta l'éclaireur d'Hermès, enjoué, alors qu'il se dirigeait déjà vers la porte pour suivre les petites traces de pas.

— Si tu le dis. Ajouta l’intéressée en lui emboîtant le pas.

Pendant de longues minutes, le duo suivit les traces de pas au sol, qui les firent sortir de la base Hippocrate-1 pour s’enfoncer dans les halls de la Zone Habitable. Soudain, alors que le chemin ne montrait que de la monotonie jusqu'ici, Katya fit signe de s'arrêter.

— Quelque chose nous suit.

Charlie voulu se retourner pour observer l’objet de cette pause impromptue, mais Katya le stoppa dans sa démarche.

— C'est un Stalker. Ne le regarde pas, ne pense pas à lui, continue à marcher et surtout ne te retourne pas.

— Très malin de me dire de ne pas y penser alors que je ne l'avais même pas remarqué, Katya. Soupira Charlie d'un air désapprobateur.

— Faut qu'on trouve quelqu'un d'autre pour le leurrer. Avec un peu de chance, ça nous permettra de nous éclipser dans un couloir. Mais surtout on ne d-

Katya fût stoppé dans sa réflexion par Charlie, qui lui pointa une figure au loin qui semblait marcher avec difficulté. Katya plissa des yeux pour reconnaître l'être en question. Elle grimaça.

— Bordel, un Skin-Stealer. Manquait plus que ça. On est pris en tenaille.

— Le Stalker pourrait s'y intéresser si on est suffisamment rapide. Proposa Charlie.

— Trop risqué, on doit être sûr de nos éventualités. Rétorqua-t-elle.

Charlie leva les yeux au ciel.

— Katya il s'approche de nous, et il est clairement hostile. répondit Charlie d'un air serieux qui étonna Katya. C'est cool de réfléchir et je sais que tu aimes bien être sûre de toi, mais on n’a pas le temps. Oublie l'approche académique pour une fois et improvise, c'est supposé être notre spécialité putain ! Tu es chez Hermès maintenant, pas chez Hippocrate. Pense comme une Hermès. Pour notre sapin Katya. Pour Noël !

— Ne me stresse pas, je suis sûr que je peux trouver quelque chose de-

— LE DERNIER ARRIVÉ AU SKIN-STEALER EST UN DEATH RAT !! Cria soudainement Charlie en s'élançant dans la direction de l'Entité 10.

Katya eu une fraction de seconde d'incompréhension, mais alors qu'elle devinait le Stalker s'approcher dangereusement, elle n'eut d'autre choix que de suivre Charlie. Elle était certes d'Hippocrate, mais son entraînement à Hermès lui avait permis de s'adapter aux improvisations de ses nouveaux collègues. Bien qu'elle désapprouvât leurs méthodes, elle ne pouvait pas opérer différemment ici.

— CHARLIE QU'EST-CE QUE TU FAIS C'EST BIEN TROP DANGEREUX ! Cria Katya alors qu'elle rattrapait son coéquipier. Elle sentait le Stalker derrière eux, qui les avaient pris en chasse. POURQUOI TU PEUX PAS ÊTRE FOUTU DE RESTER SÉRIEUX ??

— Je suis sérieux Katya ! Lui assura Charlie. Fais-moi confiance pour une fois. Pour le sapin ! Pour Noël !

— Comme si j'avais le choix ! Rétorqua Katya, sachant le Stalker à leurs trousses.

Alors qu'ils s'approchaient du Skin-Stealer, Charlie récupéra une boule de Noël de la poche de son manteau. Soudain, au moment où ils étaient presque au niveau de l'entité, Charlie lança la boule à sa gauche, qui vint s'écraser sur un des piliers du hall. Comme il l'avait prévu, le Skin-Stealer, qui les regardait jusqu'alors, se désintéressa d'eux pour porter son attention sur l'objet brisé. La faible intelligence du Skin-Stealer dans son état docile causa sa perte, et Charlie comme Katya purent entendre derrière eux le Stalker prendre d'assaut ce que la créature prenait pour un humain.

Les deux compagnons continuèrent leur course pendant quelques minutes, afin que le Stalker ne les reprenne pas en chasse. S'arrêtant enfin devant une double porte en métal donnant sur un couloir, ils purent enfin reprendre leur souffle.

— T'es décidément complètement malade Charlie. Sermonna Katya entre deux respirations. Ça aurait pu très mal tourner. Pourquoi tu ne peux pas rester sérieux quand on est dans ce genre de situation.

— J'étais tout ce qu'il y a de plus sérieux Katya.

Charlie marqua une pause.

— Écoute, je sais que ça m'arrive de ne pas prendre les missions au sérieux. Je sais que j'ai tendance à foncer dans le tas, tout ça tout ça. Mais ça ne fait pas de moi quelqu'un d'inconscient. Pas totalement en tout cas.

Voyant que Katya ne répondit pas, il continua.

— Tu m'as appris beaucoup. Je comprends que dans un monde comme les Backrooms il ne faut pas se précipiter et mesurer ses chances et ses opportunités. Tu m'as déjà sauvé la vie grâce à ça.

— Cela dit… s'il y a bien quelque chose qu'Hermès m’a appris, c'est que parfois, on n’a pas le temps de réfléchir. Ce qu'il faut, c'est trouver une idée rapidement, et ne pas se demander si ça va marcher, parce que c'est exactement en perdant du temps que ça ne va pas marcher.

Katya sembla réfléchir. Des bribes de son entraînement chez Hermès refirent surface dans son esprit. Elle n'aimait certes pas l'improvisation, mais elle devait constater qu'elle avait ses avantages. Elle le savait, le Stalker était déjà sur le point d'attaquer lorsqu'elle l'a remarqué. Charlie avait fait le bon choix.

— Bon… je comprends. Admit-elle. Désolé d'avoir douté de toi. Je pensais… je pensais juste que tu ne savais pas ce que tu faisais.

Charlie haussa les épaules.

— Au moins on s'en est sorti, pas vrai ? On forme une bonne équipe après tout ! Pour Noël et pour notre sapin ! Il sourit.

Katya sourit à son tour.

— Certes… mais on a toujours pas les guirl- Katya fût interrompue par une sorte de petite figure humanoïde enveloppée dans une cape qui se mit à sautiller devant elle.

— Un Change-Tout ? Intéressant… Son sourire persista. Elle avait une idée.

Katya retira de son manteau son badge du Cercle Ariane. La petite créature s'approcha d'elle, attiré par l'objet brillant, qu'elle lui tendit. Le Change-Tout lui arracha des mains et se mit à fouiller dans sa cape en trépignant, avant d'en ressortir cinq guirlandes violettes, qu'il tendit au duo.

— Comment tu as deviné qu'il allait te donner des guirlandes ? Questionna Charlie, impressionné.

— Je n'ai rien deviné. Rit-elle. J'ai simplement improvisé.


Adler, les poings serrés et en sang, était figé impassible, le torse bombé, face à son ennemi. Une voix dans sa radio lui cria "On arrive ! Tenez encore un peu ! On arrive chef !" pour le rassurer et maintenir le contact. Il éteignit la radio, il ne voulait pas que sa mort soit diffusée en direct. Il s'était retrouvé dans une situation pareille grâce ou à cause d'Arianne. La Diplomate leur avait briefé sur une mission de neutralisation demandée par un de ses amis, l'Ambassadeur. Il n'aurait jamais imaginé devoir se battre contre son plus grand cauchemar pour le succès de la mission. Son plus grand ennemi, quant à lui, avait les poings serrés et en sang, était figé impassible, le torse bombé, face à son ennemi.

— Hurgh… Tu frappes fort, dis donc. Mais pas aussi fort que moi. Il crachat au sol par provocation.

— Arf… Toi aussi tu frappes fort, dis donc. Mais pas aussi fort que moi. Il crachat à son tour au sol par provocation.

— Ton temps est compté, le piège a fonctionné, ils arrivent. Je ne te laisserais aller nul part.

— Ton temps est compté, mon piège a fonctionné, ils arrivent. Tu ne fuiras nul part.

— Tu me fatigues. On va en finir maintenant pourriture !

— Tu me saoules. On va en finir tout de suite immondice !

Les deux s'élancèrent simultanément. Adler cherchait à toucher la tête pour lui assener un K.O. rapide avec un jam. L'autre, de son côté, cherchait à frapper le foie de son adversaire. En voyant venir le jam à la tête, ce dernier le contra, puis l'attrapa par le bras pour avoir pendant un instant un support et ainsi donner un coup de genou dans le foie d'Adler. Ce dernier préféra se laisser tomber avec son adversaire plutôt que de se prendre ce coup fatal.

Au sol, les coups firent siffler le vent par leur puissance et vitesse. Le sol fut teinté petit à petit de rouge sang. Il ne s'agissait pas d'un combat propre, ni d'une bagarre de rue, mais d'un combat à mort violent et choquant.

Alors qu'Adler se prenait des coups, des flashs apparaissaient dans sa tête. Des souvenirs de Noël, des rappels de cadeaux, des petites voix familières qui criaient à l'unisson "Pour Thanatos, Pour Noël". Il se répéta la phrase à chaque coup, pour ne pas perdre espoir. Même un homme de son genre avait besoin d'espoir pour vivre, aussi infime et ridicule soit-il.

L'un des deux combattants réussit à prendre pied au sol et à se relever pour prendre l'ascendant sur l'autre. Adler devait absolument survivre, il prit la décision de se mettre en position défensive, comptant sur l'aide de Thanatos. Mais des pas hâtifs et entassés mirent le combat en pause pendant une fraction de seconde. L'un d’eux essaya de s'échapper du duel, mais fut agrippé et retomba au sol. Le combat reprit du plus bel.

Les bruits de pas se stoppèrent et s'enchaînèrent des coups retentissant contre du bois. Adler commençait à perdre la notion du temps et sa conscience. Les seuls mots qui traversaient son crâne sanguinolent étaient "Pour Thanatos, Pour Noël !" avec une gaieté contrastant totalement avec la situation catastrophique dans laquelle il était. Il sentit une côte se briser, il lâcha un cri. Malgré sa pensée confuse, il comprenait que quelque chose bloquait Thanatos, il devait tenir encore un peu. Il ne lui restait plus que sa rage pour se battre.

— Arf~… Tu vas mourir ou non ?! Du sang coule de sa bouche, tâchant son t-shirt camouflage. Tu n'arriveras jamais à me surpasser… Abandonnes et on aura peut-être pitié de toi ! Peut-être.

— Arf~… Tu vas crever ou non ?! Du sang coule de sa bouche, tâchant son t-shirt camou-

Telle une interruption, Adler avec ses deux mains liées frappa, brutalement, en pleine mâchoire, son adversaire. Il tituba en arrière, faisant virevolter ses mains à la recherche d'une attache afin d'éviter la chute. Alors qu'il reprenait son équilibre, il se prit en plein torse un chassé frontal d'une technique martial.

Il court une rumeur sur les origines du dirigeant de Thanatos aussi appelé l'Homme-Ours. On dit qu'il était un soldat des forces spéciales russes, le KGB peut-être, d'autres pensent au GRU voire aux Spetsnaz. Il y a une semi-vérité derrière tout ça, son chassé frontal, il l’a bel et bien appris chez les forces spéciales russes, mais pas en tant que soldat. Plutôt en tant qu'héritier. Durant la guerre froide, il était commun de douter d'autrui, de faire la chasse à la sorcière. Alors pour les hauts gradés, souvent, les personnes auxquelles ils avaient le plus confiance étaient leurs propres enfants. Alors il est normal que dès son jeune âge, Adler ait été prédestiné et endoctriné à suivre la voie de son père et à rejoindre les gradés du GRU. Malheureusement ou heureusement, il n'en fit rien et se retrouvait maintenant ici, dans les Backrooms.

Pour Noël, pour Thanatos. Le combat arrivait à son terme. Les deux étaient à terre et la porte qui bloquait le "Groupe de Secours d'Adler" avait cédé face à la rage d'Iris Tziak nourri par la frustration de devoir encore une fois partir au secours de son chef. Les lampes éclairèrent les visages éclopés des combattants. Mais l'un d'eux se releva de dos, chacun de ces mouvements produisait un son de craquement et de sang compressé.

— Adler…

On pouvait admirer les blessures que venait de lui infliger ce combat à mort, son visage resta toutefois dissimulé dans la pénombre. Le silence qui suivit fut oppressant. Il cassa la glace en sortant d'une voix monotone et morte, toujours sans se retourner.

— J'ai gagné. Rentrons à la maison.

Le groupe resta muet, Iris fut la seule à répondre.

— Rentrez à la maison ?!-… Tu as raison, rentrons. Pour Thanatos…

— Pour Noël.

Une balle traversa ainsi son crâne, juste après sa réponse. Alors que la peau du faux Adler s'évaporait pour laisser place à un amalgame de molécules noires fumantes s'agglomérant pour former une silhouette à peine humanoïde, il tomba abruptement au sol dans un bruit de métal bouillant et vivant. Iris ordonna à l'escouade de vérifier l'état de la créature et accourut vers le véritable Adler pour le relever et le réveiller avec de belles gifles.

— Oh le vioc ! On se réveille !

— Cough —… Ferme-la.

— Allez, il faut qu'on bouge, on nous attend ! T'sais. Pour Thanatos, pour…

— Arrête avec cette phrase de gamine — Arf, putain, je douille !

— Hahaha ! C'est bien toi ça, alors on se fait battre ?

— Naaaaaan… J'avais prévu le coup, hahaha…

Le Screamer démasqué était bel et bien mort, si on pouvait réellement l'appeler vivant à la base. Thanatos s'empressa de transporter le corps jusqu'à la zone de rendez-vous où les attendaient la Diplomate et l'Ambassadeur. L'Ambassadeur était le lien entre Arianne et les Screamers, il lui avait demandé un service que seul Thanatos pouvait remplir. Adler, d'un air menaçant, lâcha le corps de son congénère devant l'homme en costume 3 pièces d'un noir profond, du ventablack. Il rit ironiquement à la vue du mort, ses expressions n'étaient pas humaines et Arianne ne le comprenait pas encore assez pour connaître le mystère derrière ses réactions hystériques. Il lâcha cependant une phrase énigmatique avant de repartir avec le corps.

— C'est donc cela de mourir.

Arianne dit adieu à l'Ambassadeur, n'espérant pas le revoir de sitôt alors que Thanatos et elle prirent le chemin du Niveau 11. Là où les attendait un repas de Noël digne des plus grandes fantaisies. Iris lui adressa un petit sourire rassurant alors qu'elle aidait l'Homme Ours boiteux à mettre les pieds l'un devant l'autre, en lui répétant qu'il devait continuer "Pour Thanatos, Pour Noël" tout en se moquant de lui. Elle semblait toutefois légèrement consternée par l'état d'Arianne et lui demanda :

— Il s'est passé un truc ? T'as l'air bizarre. Tout s'est bien passé sur le chemin ?

— Oh. C'est rien, j'ai juste rencontré quelque chose.


Malgré plusieurs tentatives, Anthony Kelvin, historien de l'équipe Hermès, peinait à faire comprendre à Nyx le concept des fêtes de fin d'année et de Noël, ce genre de notion purement humaine demeurant incompréhensible pour l’alien. Décrire des thèmes aussi basiques pour l’humanité que le genre où l'histoire de la civilisation était déjà ardu, mais Noël était visiblement d'un tout autre niveau. Malgré ses recherches, l'historien était tout simplement incapable de présenter cet évènement pourtant si important à Nyx. Or, la date fatidique du réveillon approchait à grand pas, et Anthony refusait de laisser le laisser dans l'incompréhension pour son premier Noël dans les Backrooms. Pour expliquer et lui faire comprendre cette fête, il lui fallait tout le contexte. Il lui fallait être capable de décrire en détails les origines des coutumes. Mais comment retrouver l'histoire de Noël dans une dimension qui n'en était pas la source ? Malheureusement, même la GPD1 ou la base de données du M.E.G. comme du Cercle Ariane ne possédaient pas ce genre d'information. Elles permettaient de lire des articles sur son adaptation dans les Backrooms, mais sa source semblait n'avoir jamais dépassé l'internet des Frontrooms, au plus grand désespoir de l’historien.

Anthony avait manqué de laisser tomber quand un dernier espoir avait pris forme dans son esprit. Au sein de la Bibliothèque Prométhéenne, la Société du Hall Perdu avait il y a des centaines d'années pu entreposer un savoir énorme dans le sous-niveau de l'Hotel de la Terreur, grâce aux propriétés uniques de l'endroit. La Bibliothèque avait pu se délecter des souvenirs des membres du groupe, les prenant et les retranscrivant dans ses livres. Peut-être que cette ancienne communauté avait pu en son temps rapporter l'origine de Noël à la Bibliothèque, qui l'aurait consigné dans un de ses innombrables ouvrages ? Bien entendu, pour pouvoir prendre ce livre, il devrait lui aussi déposer un de ses souvenirs pour la Bibliothèque Prométhéenne. Tel était l'arrangement qu'il avait passé avec l'endroit ; une connaissance du présent pour un savoir du passé.

Mais ce n'était pas ce qu'Anthony craignait le plus. Après tout, il avait déjà réalisé ce contrat plusieurs fois pour étancher sa soif de connaissances historiques. Non, le problème était tout autre. Il avait beau avoir gagné en courage depuis sa première mission, il n'en restait pas moins un peureux. Il savait que Katya refuserait qu'il s'y rende. Elle était trop occupée en ce moment, et lui interdirait d'y aller seul. Comment lui en vouloir ? Il ne savait pas se battre et paniquait facilement. Rien que la rencontre d'une seule entité suffisait pour lui faire perdre ses moyens. Pourtant, Anthony savait qu'il devait le faire. Pour Nyx. Pour Noël. Après tout, comment pouvait-il devenir une meilleure personne s'il n'essayait pas d'aller au delà de ses peurs ? Il avait surmonté sa couardise lors de la rencontre initiale entre Hermès et Nyx. Il pouvait maîtriser ses sentiments une nouvelle fois.

Il avait décidé de sortir de la base Hermès-5 la nuit, pour se soustraire à la surveillance de Katya. Bien qu'il eût passé la journée à se préparer mentalement, il restait anxieux à l'idée de croiser une des dangereuses espèces vivant dans l'Hotel de la Terreur, ou pire, l'un des membres du staff qui gérait cet endroit. Malgré tout, il avait persisté dans son idée. Il n'était plus le même qu'il y a quelques années, et sa rencontre avec Nyx lui avait prouvé qu'il était capable de surmonter sa peur. Alors il avait emprunté les couloirs mal éclairés du septième étage seul, rasant les murs en espérant ne pas se faire repérer. Il connaissait le chemin vers la Bibliothèque par cœur désormais, si bien que le trajet n’avait prit que quelques minutes. Son cœur s'était emballé à la vue de la porte en bois qu'il reconnaissait si bien maintenant. Tout ça semblait presque trop facile pour un Hôtel infesté d'entités pendant que les lumières étaient éteintes. Mais il n’allait pas se plaindre.

Il se trouvait désormais dans la Bibliothèque Prométhéenne. Bien qu'il ne ressentait rien, il savait que l’endroit l'avait remarqué, comme toujours. Le sous-niveau connaissait la raison de sa venue, et Anthony savait qu’il n'allait pas tarder à prélever son tribun de sa mémoire. Une connaissance du présent pour un savoir du passé.

Mais ça n'était pas un problème. Les connaissances du présent, il pouvait les acquérir de nouveau. Il était là pour découvrir le passé. Pour Nyx. Pour Noël.

Ne sachant que trop bien que l'ouvrage n'apparaîtrait pas sous ses yeux tant que la Bibliothèque ne l'avait pas décidé, Anthony se décida à flâner dans les gigantesques rayons comme à son habitude.

Qui était Partygoer Zero, déjà ? Il haussa les épaules.

Vagabondant entre les étagères, il se mit à regarder les quelques livres sur son chemin par curiosité. Un ouvrage sur la morphologie des Skin-Stealers, un carnet recensant les anciens chemins sûrs du Niveau 8, un livre de cuisine avec pour thème les Meringues Murales. Soudain, il discerna un livre vert relié par du cuir rouge bordé d'argent. Il s'en approcha pour en vérifier le titre. "Traditions de Noël et de l'Avent à travers les âges". L'historien sourit. Il avait réussi.

Soudain, alors que sa quête touchait à sa fin, Anthony reprit brutalement conscience de ses environs. L’anxiété le gagna à nouveau. Il avait marché trop longtemps et s'était enfoncé dans les tréfonds du sous-niveau, bien plus loin qu’à son habitude. Il se mit à trembler. Et si des entités rôdaient dans cet endroit lorsque les lumières étaient éteintes ?

Il ne devait pas céder à la panique, il devait rester calme. Pour Nyx et pour Noël. Il se mit à courir pour revenir sur ses pas vers l'entrée de la Bibliothèque. Il savait qu'il devait faire le moins de bruit possible, mais il savait également qu'il ne devait demeurer ici le moins longtemps possible. La Bibliothèque en elle-même n'était pas la menace, mais les créatures qui pouvaient y rôder.

— Il est bien tard pour s'adonner à la lecture.

Une voix venait de percer l'obscurité. Une voix rauque, presque étouffée, qui lacéra le peu de courage que l'historien avait pu conserver jusqu'alors. Anthony se retourna doucement, tremblant comme jamais. Le souffle coupé, il discerna à quelques mètres de lui une silhouette humanoïde qui le regardait droit dans les yeux. Une sorte de businessman en costume, avec un visage de calamar remplaçant un crâne humain.

— Vous… Vous Commença-t-il à bégayer, comprenant avec horreur ce qui était en train de se dérouler. Vous… Vous êtes la Bête

L'entité sembla froncer ce qui lui servait de sourcils.

— Vous ne changez donc jamais, humains, vous et vos ignobles sobriquets. Je vous prierais de m’appeler le Gentleman du Niveau 5. Ne partons pas sur de mauvaises bases, voulez-vous bien ?

Anthony ne put répondre, la gorge nouée par la peur. Pas lui. Pas maintenant. Il en savait suffisamment sur ce monstre pour savoir ce qui l'attendait. Il n'aurait jamais dû s'aventurer dans la Bibliothèque la nuit. Même celle-ci ne pouvait pas le protéger de la fureur du véritable maître des lieux.

— Je vois que vous êtes devenu un… visiteur fidèle de cet endroit, Monsieur Kelvin. reprit la Bête. C’est regrettable voyez-vous, car votre espèce n’aurait jamais dû retrouver cet endroit. Il soupira. Cela se déroule toujours de la même façon. D’abord, la connaissance apporte l’orgueil à nos résidents. Elle leur fait pousser des ailes, alors qu’ils s’imaginent tout comprendre et tout saisir. Puis à cet orgueil succède la défiance. Comme si vous pouviez maîtriser votre destin mieux que nous. Comme si mon staff n’était pas capable de vous faire passer un agréable séjour.

La Bête marqua une nouvelle pause.

— Si vous saviez à quel point je déteste cette pièce. Sembla-il presque cracher de dédain.

Pour toute réponse, une étagère s'écroula à la droite de l'humanoïde, qui resta stoïque malgré les livres à ses pieds. Anthony, quand à lui, restait tétanisé, s’imaginant déjà les horribles châtiments que la Bête pouvait lui faire subir. L’historien respirait et tremblait si fort qu’il n’arrivait même pas à répondre à l’entité devant lui.

— Et vous, monsieur Kelvin, représentez l’apogée de tous les défauts de votre espèce. Reprit la créature. Sans cette curiosité ou même cette arrogance quand à la connaissance, vous feriez un fantastique employé, vous savez. Une opportunité à saisir.

Anthony cru s’évanouir à cette mention. Alors, c'était donc la fin pour lui. Condamné à voir son âme annihilée et son corps reformé pour à son tour tourmenter ce qui furent ses camarades.

— Malheureusement pour nous deux, il se trouve que nous nous trouvons dans une période aux circonstances… restrictives. "Christoween" que vous l'appelez, il me semble.

La peur d'Anthony se mua en incompréhension. Christoquoi ? Il n'arrivait toujours pas à prendre la parole.

— Mmmh… je présume que vous n'êtes pas un de ces citadins. Mais ça n'a pas d'importance, cet Hôtel m'empêche de prendre des vacances, et je n'ai de toute façon pas l'esprit festif.

Le Gentleman marqua un silence.

— Mais certaines figures éthérées souhaiteraient m'ouvrir à vos coutumes païennes. Assez fatigant, à vrai dire, considérant le caractère annuel de ces visites importunes. Mais soit. Cette année, le contrat a été passé, et l'esprit de Noël ou je-ne-sais-quoi doit être préservé. Je suppose qu'il est Noël, dans votre "base", au vu du livre que vous êtes venu chercher.

Anthony tenta de hocher la tête, sans succès. Il ne pouvait dire si cela était dû à la peur ou à l’incompréhension, mais il restait tétanisé par la situation.

— Ainsi donc, je dois vous laisser partir. Amusez-vous bien dans votre décadence festive, Monsieur Kelvin. Célébrez cette fête comme si votre vie en dépendait, car il s'agit de la seule année où je vous épargnerais lors d’une rencontre, malgré l'irrespect que vous montrez vis-à-vis de cet établissement.

L'historien était passé de la peur à l'incompréhension, puis à l’espoir en seulement quelques secondes. Comment était-ce possible ? La Bête du Niveau 5 ne laissait jamais fuir les vagabonds qu'il croisait.

— Mais ne vous bercez pas de faux espoirs, Monsieur Kelvin. Je ne fais pas cela par gaieté de cœur. Cet endroit n'aurait jamais dû se manifester de nouveau. Et vous, la Bibliothèque et votre Cercle Ariane représentez une menace potentielle pour cet établissement que je compte bien surveiller. Alors je vous conseille de ne pas croiser ma route de nouveau.

L’entité jeta un rapide coup d’œil sur l’étagère toujours à ses pieds, avant de reporter son attention sur l’historien.

— Maintenant partez avant que je ne change d'avis. Ma patience comme mon contrat ont ses limites.

Reprenant enfin le contrôle de son corps face à sa terreur, Anthony se retourna et couru jusqu'à en perdre le souffle pour quitter la Bibliothèque Prométhéenne. Il courut au travers des couloirs, il courut dans la base du Cercle, pour retrouver sa chambre.

S'effondrant sur son lit, ne sachant pas s'il se débarrasserait un jour du traumatisme qu'il venait de vivre, Anthony Kelvin, les larmes aux yeux, contempla le livre que la Bibliothèque lui avait offert. L'histoire de Noël dans les Frontrooms comme des Backrooms était enfin entre ses mains.

Tombant de fatigue, son esprit n’eut le temps que de formuler une dernière phrase avant de sombrer dans le sommeil.

Pour Nyx, pour Noël.


— Pauvre fille, tu cours sans cesse, tu fuis sans cesse, c'est ainsi que tu gères tes problèmes ? Voyons, sois plus originale dans ta fuite, s'il te plaît, car je commence à m'ennuyer, là, maintenant, tout de suite. Et même si tu fuis, je te retrouverai grâce à vos empreintes, les empreintes que vous laissez dans le Wi-Fi. Vous me faites rire, de penser qu'il ne s'agit que d'un réseau banal et daté, vous ne vous rendez même pas compte que vous faites partie du Wi-Fi depuis votre première connexion. Vous êtes dans le Wi-Fi et je vous traquerai tous. Mais pour l'instant, c'est toi qui m'intéresses. Tu m'entends ? ARIANNE ! C'EST DE TOI DONT J'AI ENVIE !

Mes jambes sont en feu, un feu divin qui me pousse à aller plus vite que ce que j'aurai jamais cru possible. La théorie des 40% semble réelle même en enfer. Alors je cours ! Comme il me le crie ! Je cours à 50% ! Je cours à 70% ! 90% ! 100% ?! Nan, je tombe, je me ramasse la figure à cause du sol crasseux de ce niveau de merde. J'abandonne la course et je décide de me cacher derrière un petit mur qui longe une des piscines. Je le sens approcher, ces pas métalliques font danser les tuyaux et l'eau tremble de peur à son approche.

— J'ai entendu quelqu'un tomber ! J'espère que tu vas bien ? Je n'ai pas envie de te retrouver noyée dans une de ces piscines sales. Cela abimerait ton beau visage et l'eau n'est pas mon ami, je ne veux que rien ne s'interfère entre ton absorbation et moi !

Il entre dans la pièce en fracassant la porte métallique blanche. Sa taille me terrifie, surtout à cause de sa forme humaine. Je n'ai pas les mots exacts pour décrire cette chose. Pour faire concis, je la décrirai comme un "squelette de métal et de chair électronique". Sa taille dépasse les 2 mètres et sa corpulence semble massive, bien que difficile à confirmer à cause — de son anatomie difforme. Il me fait penser aux anciens Terminators, mais mélangé avec des cadavres décomposés et des yeux humains à la fois au niveau des orbites, mais aussi dispersés un peu partout sur son corps. Des longs câbles déchirés traînent à son dos comme une robe de mariée. Il ne court pas, mais réussit tout de même à me rattraper constamment comme si ma fuite effrénée n'avait aucun sens.

— Tu as de la chance, cette pièce est grande, nous aurons le temps de discuter— Oups, haha, j'ai failli tomber ! Faut que je fasse plus attention, ce corps m'a coûté beaucoup trop cher.

Sa voix est celle d'un diable électronique, elle ressemble aux interférences terrifiantes qui nous agressent des machines défectueuses de l'époque. Chaque mot sortant de sa bouche me fait crisper le corps tout entier, comme si sa voix me transperçait.

— Tu ne commences pas à fatiguer, ça doit faire plusieurs heures que tu me fuis, nan ? M'enfin, tant que ça me divertit.

Je change discrètement de position pour me mettre à couvert derrière une armoire en bois, posée là sans raison. Il risquait de me découvrir en changeant d'angle. Il avait raison, ça faisait déjà 2 à 3 heures que je tentais d'échapper à mon prédateur. Ma destination est censée être un point de rendez-vous. Un ami à moi m'a demandé de "calmer" l'un des siens, sauf que j'en étais seule. Alors j'ai demandé à Iris, comme toujours - ça commence à m'énerver d'ailleurs, j'en ai marre de dépendre d'elle - et maintenant, je dois la retrouver quelque part pour régler tout ça et fêter Noël ensemble. Noël… J'avais totalement oublié cette fête, ce-… ce serait le moment parfait pour discuter avec Iris ! Mais pour ça, va falloir que je me débarrasse de ce stalker ! Pour Noël, Pour Iris !

— Je t'ai laissé une chance de me surprendre ma petite. Je m'attendais à rien, mais je suis quand même déçu. Bon, le cache-cache est fini.

La créature décide de s'activer, pourtant c'est trop tard pour lui. À force de baragouiner des inepties, il m'a laissé le temps de concevoir mon plan. Un plan enfantin, un peu comme lui. Une sorte de blague que je faisais plus jeune à force de mater trop de blockbusters. Il va être surpris, comme jamais il l'a été.

— Tu es là hein, juste derrière ce muret. Abandonne, je t'absorberai sans te faire trop de mal. Promis. Tu ne sentiras rien, tu découvriras ce que c'est de donner son âme au Wi-Fi, tu seras enfin t-

Je sors de mon muret et apparais face à lui, ma longue veste m'accompagna dans mon mouvement comme pour me montrer que je n'étais pas seule.

— Eh ! ENFLURE DE SERVICE !

— Qu-

Je prends de l'élan, une pierre à la main.

— GREEEENAAAAAADEEEEEE !

Je la lance de toutes mes forces. Je continue de pousser mon élan, mon sac de survie à la main. Le monstre se décale pour essayer de rattraper la grenade comme il le pouvait, il ne semble pas encore contrôler parfaitement son corps. Il titube un peu en arrière perdant son équilibre. Il inspecta la grenade tout en essayant de reprendre une pose stable. Il découvre la supercherie de la grenade, effrayé, il monte son regard vers moi, en pleine course dans sa direction.

— RECULE !

Il vient à peinte de comprendre ce qu'il se trouve derrière lui. Mais il est trop tard, je ne reculerai pas. Pour Iris. Pour Noël !

— PRENDS ÇAAAAAA !

Avec une vitesse impressionnante et la propulsion d'un mouvement coordonné, je le frappe de plein fouet et en plein visage avec mon sac de survie remplit de 3 kilos de ressources et d'équipements de survie. Le coup résonne comme une claque divine dans la pièce, il doit être en train de remettre toute sa vie en question. Le coup suffit pour le faire reculer des quelques centimètres qui l'éloignaient du bord de la piscine, il chute et tente de m'agripper. À la place, il entraîne le sac avec lui dans sa descente en enfer. La piscine doit bien faire des dizaines de mètres de profondeur.

Il crie, il implore le pardon, mon pardon. Il m'appelle par mon surnom. "Diplomate, tu ne peux pas faire ça ! Tu es douce comme un ange". Cela fait bien déjà plusieurs mois que j'ai décidé de me venger. Je ne laisserais personne jouer de moi via la peur. Il n'est pas le premier et ne sera pas le dernier. Je m'approche doucement du rebord, allongée, car ma technique m'avait épuisée. Je l'admire, suffocant, se débattant. Des spasmes électriques. C'est une magnifique vue. J'aperçois ses yeux humains, emplis de haine contre moi malgré son absence d'expression faciale. Je lui chuchote alors avec un sourire narquois.

— De la part de la Diplomate.

Un petit doigt d'honneur m'échappe malgré moi, toujours affichant mon petit sourire malicieux. La haine dans ses yeux est un délice. Pas que je sois particulièrement sadique pourtant ça fait tellement du bien de finalement riposter. Je raconterai ça à Iris, c'est certain ! Il me faut maintenant continuer à avancer. Pour Iris. Pour Noël.

Après cette aventure, il ne me fallut qu'une heure pour arriver à ma destination. Je me retrouvais donc seule en face de l'Ambassadeur, l'ami qui m'avait demandé un service. Nous ne pûmes parler que quelques instants avant qu'Iris n'émerge des ténèbres pour nous rapporter le cadeau de Noël de l'Ambassadeur - c'est ainsi que je l'avais surnommé. Il repartit en me remerciant. Il ne nous restait plus qu'à rentrer chez nous, là où l'esprit de Noël nous attendait. Juste avant de partir, je fis une simple remarque sur l'état déplorable d'Adler, chef de Thanatos. Celui-ci me répondit.

— Pfff… C'est rien, j'ai juste découvert ce que c'était de m'affronter.


Le sapin, la neige, les rires, le repas, les guirlandes, les amis, la famille, les amours, l'esprit de Noël. Tout était présent, rien ne manquait. Chacun venait, tour à tour, déposant les cadeaux près du sapin et s'asseyant pour discuter, se rencontrer, se retrouver. Chaque personne présente a traversé des épreuves difficiles et des moments traumatisants. Pourtant, tous ensemble, ils réussissent à profiter de cet instant magique. Des discours sont énoncés avec éloquence, des anecdotes narrées avec humour et des confessions légères révélées. Le repas était servi maintenant et les gens se mirent à bavarder tout en dégustant le buffet.

Dans toute cette animation, Arianne cherchait la belle chevelure rousse d'Iris. Lorsqu'elle la trouva dans tout ce bazar, elle se permit de s'asseoir près d'elle en la saluant timidement. Elle tremblait face à autant de personnes. Iris était habituée à s'occuper d'Arianne, elle lui prit les deux mains avant de la rassurer.

— Nous sommes tous ensemble pour profiter de ce moment magique. Change ta perception, tout le monde ici est là pour s'amuser, personne ne te veut de mal.

— Je sais déjà ça. T'as pas besoin de jouer la mère poule constamment. J'arrive déjà à ressentir la chaleur de Noël.

— Je- J'ai dit quelque chose de mal ?

Un silence pesant entre les deux jeunes femmes s'immisça. Arianne qui avait le regard tourné à l'opposé, soupira avant de se retourner avec lenteur, de la frustration sur le visage

— Écoutes Iris. J'apprécie franchement ton aide depuis le début. Mais je suis pas une enfant. J'aimerais ressentir plus de contrôle sur ma vie. Tu comprends… ?

— Arianne… Cela me fait si plaisir de t'entendre dire ça ! Tu as tellement évolué, je t'aurai jamais imaginé ces mots sortirent de ta bouche.

— Que- Quoi ?

— Ça me désolait un peu de te voir en arrière, toujours à l'abri, caché derrière les autres ou dans ta chambre. Depuis quelque temps, on m'a raconté que tu te baladais de plus en plus souvent seule. Mais là, chapeau. Je t'ai compris, ma belle. Tu n'es plus une enfant. Il te reste encore du chemin à parcourir avant d'avoir le "contrôle" sur ta vie. Profitons de ce moment pour célébrer la Nouvelle Arianne ! À la Diplomate !

Arianne rougissait devant les paroles pleines d'amour d'Iris. Ses yeux s'écarquillaient de réconfort. Elle se sentait enfin en sécurité. Alors qu'Iris vida son verre cul sec, elle se laissa tomber sur elle pour profiter de chacun des battements de son cœur et du bruit de fond de la fête.

— Arianne ?… Pfff, ça va devenir une habitude d'utiliser mon épaule comme lit. Repose-toi bien, mon Arianne.

À l'autre bout de la salle, Anthony Kelvin attendait tranquillement l'arrivée de Charlie et Kaya.

— Alors c'est toi le fan d'histoire hein ? Des gens d'Hermès m'ont parlés de toi.

Soudain, il perçu une voix forte, avec un fort accent ruse, venant de derrière lui. Il sursauta, son expérience avec la Bête du Niveau 5 étant toujours trop proche de lui pour qu'il puisse mettre de côté sa peur. Il se retourna et remarqua un homme fortement bien bâti, dont la carrure semblait avoir traversé des dizaines de combats. L'homme possédait tant de cicatrices que l'historien se demanda s'il n'avait pas servi dans une guerre des Frontrooms.

— B… bonjour monsieur. Anthony Kelvin, je suis effectivement historien, parfois sur le terrain. À qui ai-je l'honneur ? Demanda-t-il d'une voix peu assurée.

— Adler, équipe Thanatos. Adler serra la main de l'historien. C'est pas tout les jours que je peux croiser des grattes papier d'Hermès, on dirait une espèce en voie de disparition. Alors, la vie dans les Backrooms, ça t'abime pas trop ?

— Elle n'est pas tendre, mais j’apprends vite. Se surprit à rétorquer Anthony. Par peur d'avoir froissé le géant de Thanatos, il ajouta :

— Je- je réalise des expéditions par moments, parfois de mon propre chef. L'historien marqua une pause, ne sachant pas s'il devait parler de sa dernière escapade. J'ai rencontré la Bête du Niveau 5 lors de ma dernière sortie. C'était… spécial.

— Ah ce petit clown en costard ? T'es un champion pour l'avoir fuit. Moi je l'aurai tabassé, il a besoin qu'on lui remette les idées en place** Ajouta Adler en buvant une gorgée de son verre.

— Disons que c'est ce genre de rencontre qui… forge le caractère. Ajouta Kelvin. C'est comme ça qu'on évolue. Continua-il alors que son interlocuteur le mettait davantage en confiance. J'aime penser que mon moi du passé serait fier de moi. Mais d'un autre côté, est-ce que changer ne se fait pas à notre détriment ?

— Honnêtement, ne t'embête pas avec ça. C'est Noël, c'est ton moment ! Alors ne laisses personne te gâcher ce genre de moment, pas même toi.

Anthony acquiesça, ne sachant pas réellement quel était le contexte de cette affirmation.

— Anthony ! L'historien entendu la voix de Charlie Drake l’appeler vers le buffet.

— Excusez-moi, on m'appelle. Ajouta Kelvin. Ce fut un honneur de vous rencontrer Monsieur Adler.

le géant lui rendu le salut, avant de s'éloigner vers les autres convives.

— Comment ça va ? Demande Charlie, accompagné de Katya.

— Tranquille, ces derniers temps n'ont pas été simples mais je m'en sors. Répondit Anthony, heureux de revoir ses amis.

— Nyx n'est pas là ? Katya semblait étonnée de l'absence de l'alien.

— Malheureusement non. Trop de monde pour lui, et lui expliquer Noël est assez compliqué. J'ai choppé un livre à la Bibliothèque Prométhéenne, mais ça prend quand même du temps.

Katya fronça les sourcils.

— Tu es sorti… sans me le dire ? As-tu même une idée de ce qui rôde la nuit dans l'Hôtel de la Terreur ?

— La Bête du Niveau 5 par exemple ? Rétorqua Anthony sur un air à moitié défiant.

— Ne me dis pas que… Commença Charlie.

— C'était plutôt traumatisant, mais je suis là. Assura l'historien.

— Je ne sais pas si je devrais te hurler dessus pour le danger inconsidéré que tu as pris ou t'applaudir pour ton courage. Répondit Katya. Peut-être un peu des deux.

Charlie donna une petite tape amicale à Anthony.

— Allez ! On est fier de toi, c'est pas tout les jours que notre nerd préféré sort de lui-même ! Allez Katya, garde le sourire, ça ne sera jamais que la seconde personne de notre trio à te prouver un point ?

— Qu'avez-vous fait ces dernières semaines ? Questionna Anthony, désireux de changer de sujet.

— Oh, tu sais, pas grand-chose. Préparer les décorations, improviser avec Katya pour sauver Noël, tout ça. Charlie fit un clin d’œil à Katya tout en parlant. Elle acquiesça en retour.

— Vous ne me laissez décidément aucun répit. Railla-t-elle en souriant !

Ils furent interrompus par Aurore Adelot de l'équipe Pythéas, qui demanda à tous les convives de poser pour la grande photo de Noël. Anthony put observer Arianne qui se réveillait péniblement en avançant vers l'estrade, accompagnée d'Iris, et Adler qui s'approchait tout en discutant avec un autre membre de Thanatos. Il y avait quelque chose de magique à Noël. Un temps ou toutes les tensions disparaissaient, le temps de passer un bon moment.

— Souriez ! Demanda Aurore une fois que tout le monde fût installé.

— Pour Noël ! Clama-t-il alors que le flash s'alluma, capturant cet instant unique.


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